Dominique Potier
Député de la 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle
Audrey Bardot, suppléante







 
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14h30-
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15h00-
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16h00-
16h30
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Toul
18h00-
20h00
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Vannes-le-Châtel
20h00-
20h30
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Interventions en séances publiques

Mardi 6 novembre

Intervention en séance publique

Intervention en séance publique
Intervention hier soir de Dominique Potier en séance publique sur les crédits de la mission agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances 2013 (seconde partie).

5 novembre 2012 : Intervention en séance publique

 

Script de l'intervention

 
Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, Madame et Messieurs les rapporteurs, mes chers collègues.

En 2007, le comité agricole du pays Toulois a fait un bon investissement d'avenir :

  • écrire la mémoire vive de notre territoire au siècle dernier avec ceux qui en furent les artisans,
  • imprimer l'esprit des lieux et des gens d’ici, ouvriers et paysans et si souvent un peu les deux à la fois.
 
Les 80 portraits du livre « Fertile Toulois » sont la trace d'une révolution dont nous pouvons tirer quelques leçons à la veille de construire, au-delà de cette étape budgétaire, le chantier d'une Loi d'avenir pour l'agriculture.
 
Notre histoire, celle de nos ainés, c'est la naissance des coopératives, l’invention du mutualisme, les combats syndicaux et cette incroyable épopée technique pour produire plus de lait, de viande et de céréales, faire des côtes de Toul un vignoble AOC.
 
Ce qui frappe c'est la fierté de ces pionniers, c’est leur capacité à tenir ensemble le challenge économique et social : organisation des marchés et des filières, contrôle des structures, maitrise foncière, groupe de développement féminin, formation permanente !
La dignité est le fil conducteur de ce récit : tout peut changer si l'homme reste au centre.
 
Cette histoire, c'est un peu celle des 500 "petites régions" qui sur tout le territoire français ont façonné le paysage actuel, éloigné le spectre de la pénurie alimentaire. C'est l'histoire d'une révolution mais aussi la permanence d'une passion, d’une patience : celle d'un pacte secret entre l’homme, son troupeau et la terre.
 
Qui peut nier que cette révolution n'a pas eu sa part d'ombre ? Qu’elle fut pour tant d'autres le chant du départ, et que le productivisme allait montrer ses limites dès les années 70.
Mais en même temps, constatons qu'il n'y a pas d’équivalent comme alternative et résistance au modèle libéral que cette alliance inédite d'une tradition patrimoniale et de l'innovation sociale.
 
Comment cet esprit-là peut-il nous éclairer dans les temps présents ?

60 ans après la naissance de l’Europe agricole, l'heure du bilan sonne comme celle des ruptures décrites par Bertrand Hervieu et le groupe de Seillac (1995)
Regardons les choses en face, avec moins de 500 000 agriculteurs la France est à la croisée des chemins.
Cela n'a pas valeur d'inventaire, mais observons simplement les aides PAC : au quintal depuis 1962, à l'hectare en 92, ou découplées en 2003 : les quotas laitiers compris, aucune de ces politiques n'a jamais misé sur le nombre d'actifs agricoles.
Sur ce plan, les politiques nationales sont quant à elles en recul. La bonne volonté n'est pas en cause mais elle ne suffit pas. A partir des années 90, parler et agir pour l'installation c'est un peu écoper une barque qui prend l'eau par 2 brèches :
  • la première est celle d'une politique des structures impuissantes face au jeu des sociétés "écrans" qui bafouent les règlements départementaux ;
  • la seconde brèche est celle de la dérégulation des marchés exacerbées par la spéculation : en 2012, les 4 milliards de hausse des matières premières céréalières (l'équivalent de 80% du budget que nous allons voter) pèseront pour 2/3 sur des éleveurs à bout de souffle. 
Quand les droits à produire se concentrent pour l’enrichissement de quelques-uns, quand les fermes s’agrandissent et que les sols s’appauvrissent, quand un emploi disparait, au Sud c’est la friche qui gagne, ailleurs, au Nord, la valeur ajoutée collective qui s'évapore, à l’image de ces millions d’hectares de prairies labourées ces deux dernières décennies.
 
La saignée démographique de l'après-guerre était consécutive d'une mutation globale, sa poursuite, avec 3 millions de chômeurs, est un non-sens.
Un non-sens également face au défi du 21ème siècle : nourrir 9 milliards d'hommes en 2050 tout en divisant par deux l'usage des pesticides.
 
L'agro-écologie peut résoudre cette équation à priori impossible : elle aura pour cela, autant besoin, du génie des chercheurs que de celui des agriculteurs. Leur nombre est la clé de systèmes vertueux pour l’économie et la nature.
 
Chers collègues,

  • Voulons-nous rester un pays transformateurs de nos produits végétaux ?
  • Voulons-nous que la biodiversité, la qualité de l'eau soit d'abord le fruit de systèmes diversifiés, de polyculture élevage ?
  • Voulons-nous diminuer notre dépendance aux protéines importées et améliorer notre bilan carbone ?
  • Voulons-nous valoriser l'ensemble de nos terroirs, au lieu de produire sur un arc nord-ouest pour une économie portuaire qui déménage le territoire?
  • Voulons-nous un espace rural vivant avec des services modernes et des chemins ouverts ?
  
Répondre « oui » à ces 5 questions, c'est faire de l'installation le cœur de la Loi d’avenir et non le fruit d’une conjoncture aléatoire.
 
Car ce ne sont naturellement pas des multinationales hors contrôle, un droit du vivant privatisé et des terres spoliées qui fabriqueront  le meilleur des mondes ! Mais le respect des travailleurs d’une terre à partager ici comme ailleurs.
 
Ayons la sagesse de Fernand Braudel, cet historien des longs temps, natif de Lorraine, "les sociétés  solides ont  un pied dans l'économie monde et l'autre dans un système productif local dense".
 
Elargissons notre regard avec le grand Edgar Pisani quand il prophétise que "pour se nourrir, le monde aura besoin de toute les agricultures du monde".
 
Le rapport sur l’industrie de Jean Grellier la semaine passée  nous signale que le point de non-retour serait moins la perte des infrastructures que celle des savoirs faire.
 
Monsieur le Ministre, dans un budget contraint, vous avez maintenu les crédits pour l’installation et augmenté ceux de l’enseignement. C’était utile. Mais le rendez-vous c’est 2013. Nous serons avec vous pour une PAC massivement rééquilibrée, pour ouvrir les portes, changer les cadres de l’installation et donner sa chance à une nouvelle génération. Pour entreprendre, investir, exploiter les potentiels de notre espace rural.
 
Les pionniers de la révolution silencieuse, du Toulois et d'ailleurs, nous laisse un héritage : la force humaniste du contrat qui, pour un temps, associa la puissance publique à une profession éclairée et solidaire. Nous avons besoin d'une relève pour cultiver les champs du futur.


Je vous remercie.
 
 

 
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