Dominique Potier
Député de la 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle
Audrey Bardot, suppléante






 
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Agenda
Mercredi 3 décembre

Détail de la journée

A Paris et en circonscription

09h30-
11h30
Réunion de la Commission des Affaires Economiques
- Proposition de loi pour des mesures d'urgence contre la vie chère en outre-mer 
dans le secteur des services
-Proposition de loi pour retrouver la confiance et l'équilibre dans les rapports locatifs 
Assemblée nationale
11h30-
12h30
Inauguration de la nouvelle liaison d'eau potable sécurisée entre Flavigny-sur-Moselle et Frolois
Représenté par Audrey Bardot, députée suppléante

Frolois
14h00-
15h00
Colloque « La protéine durable comme levier d'une alimentation réconciliée »
Assemblée nationale
15h00-
23h30
Débats en séance publique
-Nouvelle lecture du Projet de loi de financement de la sécurité sociale

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Actualités

Mardi 16 juin 2015

''La souffrance n’est pas une catégorie''

''La souffrance n’est pas une catégorie''

A lire et à partager :  le dernier éditorial de Jean-Claude Guillebaud.

Quand il disait que les journalistes devaient « porter la plume dans la plaie », le grand Albert Londres définissait assez bien ce que devrait être notre rôle. Oui, révéler ce qu'on cache, rappeler ce qu'on oublie, mettre en évidence et donner corps – c'est-à-dire réalité visible, palpable – à ce qu'on désigne trop souvent de manière abstraite. Après les derniers chiffres sur le chômage, j'entends parfois des commentateurs nous expliquer que l'économie se portent un peu mieux, mais que le « social », lui, est toujours en berne (par exemple en Italie, voire en Allemagne, où les « pauvres » sont plus nombreux qu'en France, même si les chiffres sont meilleurs).
 

Cette manière de parler est critiquable. Qu'est donc ce fameux « social » que les troubadours du discours dominant n'évoquent plus qu'avec un imperceptible agacement ? Comme s'il s'agissait d'un à-côté encombrant. En réalité, il désigne la vie vivante, les réalités charnelles, les fatigues additionnées, les souffrances qu'on tait. Le social, c'est le coeur même des choses, la chair et le sang du vivre ensemble. C'est – ou ce devrait être – l'enjeu prioritaire de toute espèce de politique. Le simple fait d'utiliser cet adjectif (« social ») comme un substantif (« le social ») équivaut à un tour de passe-passe langagier. On transforme ainsi la peine des hommes en une catégorie ni plus ni moins importante que « le financier », « le budgétaire », « le monétaire », etc.
 

Dans le langage de nos élites, le social se voit donc rétrogradé au rang d'une variable, même pas prioritaire : d'abord les comptes macro-économiques, les hommes et les femmes viendront après. Nous-mêmes, par inattention, parlons parfois ainsi. Quand nous évoquons le chômage, c'est surtout sur le registre de la quantité, du chiffre, du pourcentage. Combien de chômeurs de plus ce mois-ci ? Ce langage permet de tenir à distance la réalité embarrassante d'une tragédie malodorante, populaire et mouillée de larmes.
 

Quand il atteint ce niveau et cette durée, le chômage est bien autre chose qu'une série de chiffres. Il est une souffrance individuelle dupliquée à l'infini, une désespérance qui coupe la respiration, un dégoût de vivre qui progresse jusque dans les veines. Être chômeur, ce n'est pas seulement perdre son emploi et ses revenus. C'est vivre un effacement progressif, un exil injuste. C'est passer des journées entières à écrire des centaines de suppliques, à poster des CV en guettant d'improbables réponses. Et cela, mois après mois.
 

Les travailleurs sociaux savent bien ce qui se produit alors. Peu à peu, l'estime de soi s'effiloche. Le doute vous pénètre et vous vrille. Suis-je encore utile à quelque chose ? Demain, il faudra trouver un reliquat d'énergie pour aller dans une file d'attente, faire bonne figure devant les amis ou les enfants ! À force, bien sûr, le corps se défait. On mange mal, on grossit, on est envahi par une résignation qui flotte en vous comme un gaz toxique. Tel est le fossé qui sépare le bavardage médiatico-politique de cette immense souffrance individuelle, faite de chair et de sang. Pas un fossé, un gouffre !

 
 
 
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